écrire un roman : la phase de correction

Écrire un roman : les corrections en (à peu près) 6 étapes

Vous avez terminé le premier jet de votre roman, félicitations ! 😊

C’est une énorme victoire. Pour avoir mis plus de vingt ans (eh oui !) à passer cette étape, je sais à quel point c’est un symbole puissant dans la vie d’un écrivain ou d’une écrivaine. Donc, commencez par célébrer l’événement dignement !

Une fois que vous aurez descendu une caisse de champagne et dansé nu sous la pluie, nous allons voir les étapes suivantes, celles qui concernent la phase de révision. Parce qu’en fait, vous n’en êtes qu’au début.

C’est ici que l’aventure devient vraiment palpitante.

Étape 1 : laisser reposer

Rangez votre manuscrit dans un coin et laissez-le reposer, quelques semaines — mois — années, selon votre degré d’urgence et votre rythme de vie.

L’idéal est de vous occuper l’esprit avec un projet différent, que ce soit un autre manuscrit ou totalement autre chose : de la poterie, du tricot, un voyage…

Étape 2 : la relecture analytique

Lorsque vous ressortez votre manuscrit, vous l’avez idéalement oublié, ce qui va vous permettre de le lire avec un œil neuf.

Pour la première relecture, je vous conseille de ne surtout rien modifier dans votre texte.

Pour cela, imprimez le manuscrit.

Ça présente le double avantage de changer le format (ce qui favorise le recul) ; tout en vous empêchant de toucher au fichier d’origine (la tentation est trop forte si vous travaillez directement sous Word).

Au fur et à mesure de cette lecture, surlignez ce qui vous gêne ou vous paraît incohérent.

Astuce : surlignez avec des couleurs différentes les points de natures différentes. Par exemple, orange pour les incohérences d’intrigue, mauve pour les descriptions, vert pour le style. Soulignez en rouge les coquilles et fautes de langue et en jaune les points qui semblent vraiment problématiques.

Après avoir écouté la formation audio « Corriger son roman » élaborée par Cécile Duquenne, j’ai mis en place un cahier de relecture. Je tiens toujours un cahier séparé du manuscrit afin de consigner toutes mes notes et suivre ma progression. Essayez, c’est vraiment une aide précieuse tout au long de l’écriture !

Donc, référencez dans un cahier toutes vos notes de relecture, en gardant les codes couleur utilisés sur le manuscrit. Cela vous servira de guide pour ne rien oublier lors des corrections.

Étape 3 : faire le point

Une fois la relecture analytique effectuée, vous vous retrouvez normalement avec un paquet de notes.

Si vous avez tenu le code couleur (pas si facile à l’usage, je sais !), reprenez en priorité les notes qui touchent aux problèmes d’intrigue et aux incohérences majeures, et voyez comment vous pouvez régler ces questions.

Attention à la tentation de TOUT changer et de repartir à zéro !

L’objectif n’est pas d’écrire un nouveau premier jet, mais bien d’améliorer celui que vous avez déjà écrit.

Cela paraît souvent tellement plus facile de tout recommencer que de mettre de l’ordre dans le chaos informe de votre manuscrit…

Sauf que si vous cédez à cette tentation, vous n’atteindrez jamais l’étape finale. Je vous dis ça d’expérience, c’est ce que j’’ai fait pendant vingt ans ! 😉

Donc, forcez-vous au maximum à utiliser votre matière première.

Parfois, de minuscules modifications provoquent de véritables métamorphoses.

Par exemple, pour l’un de mes romans, je me suis aperçue (en troisième relecture) que j’avais un gros problème de rythme sur le début. À ce stade, c’était assez déprimant, vu tout le boulot déjà investi. Mais en fin de compte, en inversant l’ordre de quelques scènes, j’ai obtenu une ouverture totalement différente et plus dynamique.

Ces petites altérations demandent beaucoup de « lissage » au niveau du style et des détails, mais en réalité, la matière première ne change presque pas.

Étape 4 : appliquer les corrections

Pour ne rien oublier, mais avancer quand même, découpez cette étape en plusieurs parties.

Chaque fois, reprenez le manuscrit de bout en bout en vous focalisant (autant que possible) sur un point particulier.

Vous vous rappelez les codes couleur ? C’est le moment de les mettre à profit.

Effectuez au moins un passage pour appliquer toutes les corrections de fond, c’est-à-dire ce qui concerne l’intrigue, les motivations des personnages, les conflits.

Il est parfois nécessaire de revenir sur un point d’intrigue ou un personnage particulier sur l’ensemble du manuscrit.

Ensuite, repassez tout le texte au crible pour améliorer les descriptions, le décor, le rythme, etc.

Selon les cas, vous réviserez votre manuscrit en trois, quatre fois… mais ça peut aller jusqu’à dix fois, et ce n’est pas grave !

Si vous n’êtes pas pressé, vous pouvez même faire des pauses entre chaque passage. Mais personnellement, je n’y arrive pas. Une fois lancée, j’ai envie d’arriver au bout !

Quelques astuces pour ne pas se décourager

La phase de révision, c’est long. C’est très long. C’est souvent bien plus long que le premier jet.

Si le premier jet est un sprint, la révision est une course de fond.

Il est important de rester motivé pour ne pas abandonner en cours de route.

Cochez au fur et à mesure les points que vous traitez sur votre cahier de relecture, afin de visualiser votre progression. Sans cela, vous aurez l’impression d’engloutir des heures de travail sans aucun résultat tangible. Rien de pire pour maintenir la motivation !

Astreignez-vous à aller au bout du manuscrit à chaque étape, à faire plutôt cent passages hyper focalisés qu’un seul exhaustif.

Vous n’y arriverez pas toujours. Mais n’essayez pas de tout corriger avant d’attaquer le chapitre suivant.

Vous risquez de perdre la vision globale du récit, indispensable à ce stade.

Comme pour une sculpture, le modelage des détails se travaille progressivement, un peu plus fin à chaque passage, mais vous ne devez jamais perdre de vue l’ensemble.

En plus, vous allez voir, c’est très satisfaisant de parvenir aux derniers chapitres.

Même si ce n’est qu’une des multiples boucles, c’est une boucle bouclée !

La quête du juste milieu

Le plus compliqué (pour moi, en tout cas) c’est de trouver l’équilibre entre amélioration et réécriture totale.

Même si la version définitive n’aura sans doute plus grand-chose en commun avec le premier jet, à chaque passage je m’efforce de ne pas tout changer, de m’appuyer sur ce que j’ai.

L’évolution du manuscrit soulève régulièrement de nouvelles questions. Certaines sont pertinentes, d’autres non, mais il est difficile d’en juger à chaud. Parfois, vous devrez faire une pause pour « brainstormer » ces points d’accroche.

Mais… de ma propre expérience, je trouve dangereux d’y consacrer trop de temps.

C’est important d’envisager toutes les directions.

Mais à réfléchir trop longtemps « en dehors » du manuscrit, vous risquez de vous égarer dans l’abstrait et de dérouler en imagination une histoire totalement différente.

Si vous ne trouvez pas rapidement de solution à une question, notez-la et poursuivez les corrections en laissant le point en suspens pour le prochain passage.

Votre subconscient travaillera pour vous pendant ce temps, et peut-être trouverez-vous la réponse dans les chapitres suivants — c’est souvent ce qui arrive.

Étape 5 : les bêta-lecteurs

À ce stade, soumettre votre texte à un ou plusieurs bêta-lecteurs vous apportera des informations précieuses. Attention, une bêta-lecture implique un retour critique et constructif sur votre travail.

Vous n’avez besoin ni de flatterie (même si ça fait du bien à l’ego), ni de vous faire assassiner.

Si personne dans votre entourage n’est volontaire ou apte à effectuer ce travail, vous pouvez échanger des bêta-lectures sur certains forums d’écriture en ligne.

Pratiquer la bêta-lecture pour d’autres auteurs est en outre un super exercice pour vos propres relectures.

Étape 6 : les dernières retouches

Un jour, vous tournez la dernière page et vous vous dites que ça y est, ça se tient. Vous avez le sentiment d’avoir réussi à raconter l’histoire que vous vouliez de façon cohérente.

La dernière phase de révision consiste à nettoyer le texte pour traquer les répétitions et les tournures ternes (« être » et « avoir », entre autres…), corriger les fautes d’orthographe et de grammaire, les erreurs de ponctuation, etc.

Le correcteur de Word offre un premier outil utile, même s’il a ses limites. Pour ma part, j’utilise le logiciel (payant) Antidote, qui est bien plus pointu.

En cas de doute, les meilleurs recours restent les dictionnaires Le Robert et Larousse pour l’orthographe, le site du Projet Voltaire pour les questions de grammaire et le site du CNRTL pour les synonymes.

Faire relire par un pro… ou pas

Une relecture extérieure peut s’avérer pertinente avant d’envoyer votre manuscrit à un éditeur, car un texte truffé de fautes sera immédiatement mis au rebut.

Mais si vous avez pris le temps de soigneusement toiletter votre texte, cela ne me semble pas obligatoire.

Si votre manuscrit est retenu, il sera de toute façon relu et corrigé avant publication.

Le cas particulier de l’autoédition

En revanche, si vous optez pour l’autopublication, je vous conseille vivement de recourir à une relecture professionnelle.

Même si vous êtes un as de la dictée !

Vous connaissez tellement votre récit que vous ne voyez plus les inévitables fautes de frappe ou d’orthographe.

Malgré les corrections (même professionnelles), beaucoup d’ouvrages publiés contiennent encore des coquilles… c’est dire comme ces petites bêtes sont fourbes et tenaces !

C’est pourquoi, dans l’idéal, vous ferez relire votre manuscrit par le plus grand nombre de personnes possible.

Pour conclure

J’espère que ces quelques pistes vous aideront sur votre chemin.

N’hésitez pas à partager vos suggestions et retours d’expérience en commentaire, surtout si vous utilisez des astuces différentes ! L’essentiel est d’explorer toutes les façons de procéder pour trouver ce qui fonctionne le mieux pour vous.

Voilà, il n’y a plus qu’à vous mettre au travail ! Bon courage dans vos révisions ! 😊

Et si jamais vous avez besoin d’une relecture professionnelle, n’hésitez pas à faire appel à mes services.

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