Visiblement, les textes à corriger ont encore des fans — et ce n’est certainement pas moi qui vais m’en plaindre ! Ces petits jeux sont des outils hyper efficaces pour réviser les règles d’orthographe et de grammaire sans pression, alors pourquoi s’en priver ?
En plus, c’est l’été, l’heure des jeux et des cahiers de vacances ! Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai toujours adoré les cahiers de vacances… ce qui n’est pas très étonnant, finalement. 😉
Voici donc une troisième version de texte à corriger.
J’ai pris cette fois-ci un extrait de mon dernier roman, En abyme, paru tout récemment (si vous voulez en savoir plus sur le roman, vous pouvez faire un tour sur le site de la maison d’édition MVO, ou sur mon site d’autrice).
Comme d’habitude, je vous livre d’abord le texte avec les fautes, puis la version corrigée suivie des explications détaillées.
Le texte truffé de fautes 🫣
À dix-septs ans, Diane est sensée savoir géré ses émotions. Elle avale la boule de déception qui lui remonte dans la gorge et attrappe le paquet. Elle s’en veut de son ingratitude. Sa mère ne vie que pour elle… Diane ce trouve méchante. Elle pose un baiser sur la joue d’Olga avant d’ouvrir le cadeau. Sa mère l’observe avec gourmandise tandis qu’elle déchire lentement l’emballage, faisant durer le suspense. Si se n’est pas ce qu’elle avait demander, alors quoi ? Sous le papier décoré, un carton brun sans marquage. Dans le carton, du papier journal froissé autour d’une grosse poupée en bois peint. Elle porte un fichu noir a pois blancs et une robe blanche à motifs floraux vert et oranges.
— Des poupées Russes ? s’exclame Diane, interloquer.
— Ah, mais pas n’importe lesquelles ! C’est un cadeau très spécial. Ce sont mes anciennes poupées.
— Tu avais des poupées ? Je ne les ai jamais vu, s’étonne l’adolescente.
— C’est que je les avais perdues. On me les avait… volées. Figures-toi que je les ai retrouvées sur une brocante il y a deux mois. J’ai vérifié, il y a la petite marque que j’avais fait dessous.
Diane regarde l’objet en bois d’un œil neuf. D’ordinaire, jamais sa mère n’accepte d’aborder un pan de son passé, de ça jeunesse.
— Elles t’apartenaient quand tu était petite ? Incroyable ! Elles venaient d’où ? Qui te les avait offert ? Qui te les a volées ?
Olga élude les questions et poursuit sur un ton enjoué.
— Je ne les ai jamais aimées, en fait. Mais elles valent une fortune, j’en suis sûre ! Une chance que la dame qui les vendaient n’y connaisse rien. À présent, c’est ton héritage.
Le texte corrigé ✍️
À dix-sept (1) ans, Diane est censée (2) savoir gérer (3) ses émotions. Elle avale la boule de déception qui lui remonte dans la gorge et attrape (4) le paquet. Elle s’en veut de son ingratitude. Sa mère ne vit (5) que pour elle… Diane se (6) trouve méchante. Elle pose un baiser sur la joue d’Olga avant d’ouvrir le cadeau. Sa mère l’observe avec gourmandise tandis qu’elle déchire lentement l’emballage, faisant durer le suspense. Si ce (7) n’est pas ce qu’elle avait demandé (8), alors quoi ? Sous le papier décoré, un carton brun sans marquage. Dans le carton, du papier journal froissé autour d’une grosse poupée en bois peint. Elle porte un fichu noir à (9) pois blancs et une robe blanche à motifs floraux vert et orange (10).
— Des poupées russes (11) ? s’exclame Diane, interloquée (12).
— Ah, mais pas n’importe lesquelles ! C’est un cadeau très spécial. Ce sont mes anciennes poupées.
— Tu avais des poupées ? Je ne les ai jamais vues (13), s’étonne l’adolescente.
— C’est que je les avais perdues. On me les avait… volées. Figure-toi (14) que je les ai retrouvées sur une brocante il y a deux mois. J’ai vérifié, il y a la petite marque que j’avais faite (15) dessous.
Diane regarde l’objet en bois d’un œil neuf. D’ordinaire, jamais sa mère n’accepte d’aborder un pan de son passé, de sa (16) jeunesse.
— Elles t’appartenaient (17) quand tu étais (18) petite ? Incroyable ! Elles venaient d’où ? Qui te les avait offertes (19) ? Qui te les a volées ?
Olga élude les questions et poursuit sur un ton enjoué.
— Je ne les ai jamais aimées, en fait. Mais elles valent une fortune, j’en suis sûre ! Une chance que la dame qui les vendait (20) n’y connaisse rien. À présent, c’est ton héritage.
Les explications 🕵️♀️
1 – Les chiffres et nombres sont invariables, excepté “vingt” et “cent” lorsqu’ils sont en dernière position dans l’expression de nombre. Exemple : quatre-vingts personnes, deux cents euros ; mais quatre-vingt-douze ans et deux cent trente kilos. Les adjectifs numéraux de dix-sept à quatre-vingt-dix-neuf s’écrivent avec des traits d’union, sauf ceux qui contiennent “et”, soit vingt et un, trente et un, etc. Bon à savoir : l’orthographe réformée de 1990 admet l’utilisation des traits d’union sur tous les adjectifs numéraux quels qu’ils soient.
2 – Ne pas confondre les homophones : « censé » = supposé, alors que « sensé » = qui a du bon sens.
3 – Il s’agit ici d’un infinitif. Pour éviter la confusion, remplacez par un verbe du 2e ou 3e groupe pour entendre la différence (exemple : partir, prendre…). Voir aussi cet article sur le sujet.
4 – Ah, les consonnes doubles, quel casse-tête !
5 – Il s’agit ici du verbe “vivre” conjugué au présent à la 3e personne du singulier et pas du nom féminin “vie”.
6 & 7 – Ne pas confondre les homophones “se” (pronom réfléchi) et “ce” (adjectif démonstratif).
L’astuce : “se” peut être remplacé par “me” ou “te” en changeant le sujet ; “ce” peut être remplacé par “cela” ou “cette chose”.
Ici, on pourrait dire “je me trouve méchante” et “si cette chose n’est pas…”
8 – Il s’agit ici du participe passé. Pour ne pas confondre avec l’infinitif, voir n°3.
9 – Ne pas confondre les homophones “a” (verbe avoir conjugué) et “à” (préposition).
Pour éviter la confusion, essayez de transposer au passé. Si c’est le verbe, vous direz “avait” ; en revanche, la préposition ne changera pas.
10 – L’adjectif de couleur “orange” est invariable, comme la plupart des adjectifs de couleur formés sur des noms communs. Dans cet article, j’ai repris l’ensemble des explications.
Question bonus pour les experts : savez-vous pourquoi “vert” est également invariable dans cette phrase ?
11 – Les noms de nationalité prennent une majuscule, mais pas les adjectifs. On dira donc “une Russe”, mais “une femme russe”. Digression : en anglais en revanche, les noms et les adjectifs de nationalité prennent la majuscule… eh oui, ce serait trop simple de tout faire pareil !
12 – Comme au n°8, il s’agit du participe passé utilisé en adjectif, accordé au féminin singulier pour Diane.
13 – L’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir, tout un poème ! Vous pouvez retrouver les règles dans cet article. En résumé : avec l’auxiliaire avoir, le participe passé ne s’accorde que si le COD est placé avant le groupe verbal. C’est bien le cas ici : “Je ne les ai jamais vues.” Le COD “les” est antéposé. Comme il se réfère aux poupées, on accorde le participe passé “vues” au féminin pluriel.
14 – Les verbes du 1er groupe (en -er) ne prennent pas de “s” à l’impératif. Cet article reprend les explications un peu plus en détail.
15 – Voir l’explication du n°13. Ici, le COD “la marque” est placé avant le groupe verbal, donc on accorde au féminin singulier.
16 – Ne pas confondre les homophones “sa” (adjectif possessif) et “ça” (pronom démonstratif).
L’astuce : “sa” peut-être remplacé par “son” ou “ma” ; “ça” peut-être remplacé par “cela”.
17 – “Appartenir” prend deux P, c’est comme ça…
18 – Simple erreur de conjugaison : j’étais, tu étais, il/elle était.
19 – Encore un accord de participe passé avec l’auxiliaire avoir ! Cf. n°13.
Note : le piège est ici la présence de deux compléments : le COD “les” (on a offert “les poupées”) et le COI “te” (on a offert “à toi”). Seul le COD a une incidence sur les accords.
20 – Simple erreur de conjugaison : le sujet est “la dame”, 3e personne du singulier. La proximité visuelle du COD au pluriel “les” entraîne souvent ce type d’étourderie.
Conclusion
Alors, combien de fautes avez-vous relevées ?
J’espère que mes explications sont suffisamment claires. Je vous renvoie à des articles plus détaillés, mais si certains points vous semblent encore confus, n’hésitez pas à me le dire en commentaire.
Si vous ne les avez pas encore faits, vous pouvez retrouver les deux premiers textes à corriger ici et là.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un très bel été !